Dans le vieux port de Buenos Aires
Entre les docks et l’entrepôt
La louve afait sa tanière
Dans un vieux clandé à matelots.
Quand la nuit tombe sur la ville
C’est l’heure où la chasse commence,
Elle les retrouve, même en civil,
Pour leur offrir la dernière danse.
En passant devant les affiches,
Tu vois ta tête en rouge et noir
Ça te fait sourire, tu t’enfiches
Ta force c’est ton désespoir.
Comme un fantôme qui poursuit
Les démons de son cauchemar
Tu veux qu’ils sachent que leur vie
Ne tient qu’à unfil de rasoir.
Refrain
Canta, canta, canta la loba
Mas fuerte que la muerte
La historia de tu vida (bis)
Parfois sous la lune complice,
Dans l’éclair glacé du couteau,
Tu frappes alors avec délice
Le coeur de tes anciens bourreaux.
Mais ta vengeance inutile
Ne ramènera pas ton fils,
Même si ta haine est légitime,
Tu garderas tes cicatrices.
Instrumental
Refrain
Canta, canta, canta la loba
Mas fuerte que la muerte
La historia de tu vida (bis)
Et tu reviens vers ta tanière
Dans la fumée et les odeurs
De mezcal, de sueur et de bière
Entre mercenaires et dealers.
Juste un peu de sang sur l’épaule
Jouez bandonéons, guitares
Mais tout s’arrête quand tu les frôles
En chantant l’histoire rouge et noire.
Et les cris montaient des casernes
Couverts par les rires des soldats.
Tu revois les fauves qui te cernent
Ya des regards qu’on n’oublie pas.
Quand ils ont ressurgi un soir
On a vu claquer un éclair
L’épaule rouge et puis le noir,…
Tu es tombée les yeux ouverts…
On l’appelait « la Loba » tant elle veillait sur son fils. Il était sa seule raison de vivre après bien des désillusions. Comme sa mère, c’était un artiste, un auteur, un poète dont les textes déplaisaient fortement au pouvoir en place.
La junte militaire de Videla et ses sbires faisaient régner la terreur sur le pays par une répression féroce. Les opposants étaient traqués, enlevés, torturés puis assassinés, on retrouvait rarement leurs corps. Par la suite, on apprit qu’ils étaient jetés à la mer par hélicoptère. Pendant ces années noires, 30.000 personnes disparurent.
Un jour, son fils se fit enlever. On ne l’a jamais retrouvé.
Bien plus tard, lorsque la démocratie et la paix revinrent, beaucoup de questions restèrent en suspens : où sont passées ces personnes ? Leurs parents et amis enquêtèrent en cherchant leurs traces. Chaque jeudi, les mères et épouses des disparus tournaient en rond devant le palais présidentiel avec leurs photos sur des pancartes, on les appelait les « folles de Mai » ou « las madres de la Plaza de Mayo ».
Au début, la loba défilait avec elles mais, un jour, constatant l’inutilité de cette manifestation rituelle, elle jeta sa pancarte et jura de se venger en éliminant un à un les responsables tortionnaires. Une force terrible l’animait. Belle et talentueuse, elle savait jouer de ses charmes comme des armes, et comptait bien s’en servir. Elle était connue en Argentine et bien au-delà pour être la meilleure chanteuse et danseuse de tango.
La discrétion était nécessaire pour accomplir sa mission vengeresse. Elle louait une petite chambre au-dessus d’une taverne glauque dans les bas-fonds de Buenos Aíres, derrière le port, un lieu secret où se retrouvait tout un monde interlope de marins en transit, de trafiquants, de prostituées et d’opposants politiques cherchant à se faire oublier. La plupart d’entre eux savaient qui elle était mais respectaient une sorte d’omerta.
A la nuit tombée, elle partait en chasse, vêtue d’une jupe noire fendue, d’un petit chapeau à voilette et d’un corsage avantageux dans lequel elle dissimulait une petite dague effilée, tranchante comme un rasoir.
Elle s’invitait dans certaines soirées mondaines et les cocktails dansants des officiers. Lorsqu’elle acceptait de danser, c’était toujours avec sa prochaine cible et, à la dernière figure du tango renversé, d’un coup sec elle lui plantait sa dague en plein cœur puis disparaissait.
Au bout de huit morts violentes, une enquête fut ouverte. Quelques témoins oculaires en firent une description assez précise. Sa tête fut mise à prix par voix d’affiches mais, malgré ces avis de recherche, elle continuait obstinément sa mission.
Un soir, elle arriva, trois gouttes de sang sur l’épaule, l’assistance s’écarta en silence ; elle monta sur scène et commença à chanter son tango préféré « Volver ».
C’est alors qu’ils firent irruption dans la salle avec leurs armes, et tout alla très vite. Elle les fixa, juste le temps de dire « ainsi soit-il », avant la rafale.
La Loba tomba, droite, les yeux ouverts, c’était fini.
Letra y musica Yannig ar Bleiz
En el puerto hizo su alcoba, la guarida de la loba, entre silos bien porteños, marineros y entresueños. Cuando la noche es oscura en los tangos su amargura busca, encuentra y los caza y les da su última danza.
Tu imagen en los carteles, tu éxito en los cuarteles, te ríes de tu comedia, tu fuerza es tu tragedia. Así es que los persigue, que pretendes se castigue aquellos de pesadilla que tienen pies de arcilla.
Estribillo
Canta, canta, canta la loba, más fuerte que la muerte la historia de tu vida (bis)
Bajo la luna brillante bailas, cantas, desafiante, irrumpes con tu delicia su corazón con malicia. Por tu hijo es la venganza. Les concedes una danza si bien eres buena actriz, conservarás tu cicatriz.
Y regresas a tu guarida, reviviendo tu herida. En el olor de la cerveza no obtienes ni una certeza, con solo un poco de su sangre no logras saciar tu hambre. Suena el bandoneón triste y tu no te despediste.
Los soldados te persiguen, no dejas que te hostiguen, alertados de tu muerte, protegida por tus huestes. Pero una noche te hallaron, te cazaron, te violaron, caíste asesinada
con los ojos a-bier-tos…