LE COFFRE MAUDIT
Vous, gens de mer et frères de la côte,
Ecoutez l'histoire que voici,
Elle me vient du vieux Mattaw
Un gabier natif de Port-Louis.
C'était l'meilleur torcheur de toile
Toujours premier dans les huniers
Il avait fait toutes ses campagnes
A bord d'un grand trois-mâts carré.
Refrain
Mattaw, Mattaw, nom de touï,
Si tu veux revoir la citadelle,
Mattaw, Mattaw, nom de touï,
Ne touche pas au coffre maudit.
Voilà l'vent qui vire au suroît
Fait branle-bas aux tribordais
On va courir au quart noroît
Et ya de la toile à trimer.
Au nouveau cap, on naviguait
Quand on signale sous l'vent à nous
Un navire marchand hollandais
Avec un gréement « en pilhou ».
Refrain
Personne sur le vaisseau fantôme,
Pourri de la poupe à la proue,
Rien à sauver, hormis un coffre
Qui faisait déjà des jaloux.
Mais impossible de l'ouvrir
Tout l'équipage a essayé,
A part Mattaw qu'était vigie
Là-haut, dessus le grand hunier.
Refrain
Depuis ce maudit jour funeste,
Tous les malheurs venaient sur nous,
Vents contraires, les grains et la peste,
Des cochenilles qui bouffaient tout.
La coque partait en charpie,
Les voiles se craquaient de partout,
Ça puait la mort et le moisi,
Tout l'équipage devenait fou.
Refrain
Le navire finit par sombrer
Au large de l'Ile aux Pendus.
Mattaw fut le seul rescapé,
Pourquoi ? Ça, on n'l'a jamais su.
C'est par trente brasses de fond
Que l'maudit coffre repose toujours.
Je n'crois pas aux malédictions, Mais quand j'y passe,
j'fais un détour.